Trois ans après Kliniken de Lars Norén, Julie Duclos revient aux Gémeaux avec une proposition brechtienne sur l’impact du fascisme sur nos corps et nos psychés.
Lors de l’écriture de Grand-Peur et Misère du IIIe Reich entre 1935 et 1938, Bertolt Brecht, en exil, recueille des coupures de presse et des témoignages, observant la montée du nazisme et ses effets insidieux sur le quotidien des citoyens : des parents angoissés par les propos de leurs enfants, un couple paralysé par la crainte d’arrestations, un juge aveugle à l’injustice d’un procès. Julie Duclos met en scène treize tableaux dans des décors modulaires, où les corps des acteurs, avec une grande fluidité, passent d’un rôle à l’autre. Elle illustre la peur omniprésente, transformant les relations intimes en un réseau de silences, de défiances et d’autocensure. Une œuvre magistrale et d’une grande pertinence !
Après la chute de ce Reich, Grand-peur et misère du IIIe Reich ne sera plus un acte d’accusation. Mais il sera peut-être encore un avertissement. Bertolt Brecht
Cette troupe si cohérente rend la voix de Brecht terriblement contemporaine. De quoi aiguiser notre regard sur nos propres turpitudes tout en éprouvant un vrai plaisir de spectateur. (…) on voyage, dans un rythme tendu, d’une situation concrète, crue, vitale, à une autre. Quelques notes de piano inspirées par les romantiques allemands y sont le contrepoint désespéré de tous ces drames en réduction. D’une troublante actualité. Télérama