Dix autrices, sept créateurs, et une expérience déambulatoire sous casque audio pour écouter, au creux de l’oreille, les voix de femmes en quête de devenir « Manifeste ». Des femmes brûlant de l’urgence de créer.
En 1929, Virginia Woolf affirmait qu’une femme devait avoir 500 livres de rente et un espace à elle pour pouvoir créer. En 2021, Aurélie Van Den Daele, directrice du Théâtre de l’Union, interroge cette idée en commandant des textes à dix autrices francophones. Des textes qui font écho à la colère et au désir créatif entravé, muselé. Pour leur donner vie, elle convie sept créateurs à une déambulation immersive destinée à 3 groupes de 30 spectateurs. Une invitation à explorer des « chambres à soi » à travers le Théâtre.
J’écris parce que je me tais. Depuis que dans l’enfance on m’a appris à la boucler sans jamais qu’on me l’ordonne tout à fait clairement, depuis qu’on m’a appris à tenir ma langue, à la plier en petits morceaux dans des petits mouchoirs de papier enfoncés dans des petites poches de silence (…) J’ai appris à craindre mes propres mots, à les étrangler, les ravaler, les noyer (…) surtout ceux, malencontreux, qui pourraient s’échapper de ma bouche comme des bombes et défoncer les silences cathédrales, les silences implacables, secrets insondables qui couvent l’horreur et le déshonneur, les silences pestilence, les secrets menteurs. Daniely Francisque, Une lave sous muselière (2022)